Les parcelles agroforestières des petites exploitations peuvent renforcer la conservation des arbres

Quand les forêts naturelles sont menacées par la déforestation ou le changement climatique, la meilleure manière d'assurer la survie de certaines espèces en danger serait de les insérer dans des parcelles agroforestières gérées par des petits exploitants.
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Lebih banyak riset diperlukan untuk menentukan seberapa baik pertanian wanatani kecil berkontribusi pada konservasi. World Agroforestry Centre.

Il faut davantage de recherches pour déterminer comment les petites exploitations agroforestières contribuent à la conservation. Photo: World Agroforestry Centre.

Bogor, Indonésie (16 september 2013) _ Quand les forêts naturelles sont menacées par la déforestation ou le changement climatique, la meilleure manière d’assurer la survie de certaines espèces en danger serait de les insérer dans des parcelles agroforestières gérées par des petits exploitants, selon une nouvelle étude.

Un article des chercheurs du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et du Centre mondial d’agroforesterie (ICRAF) publié récemment dans le journal Biodiversity and Conservation* explique que les arbres peuvent être conservés de trois façons.

Ils peuvent être laissés dans leur habitat naturel d’origine, connu sous le nom de conservation in situ ou «à leur lieu d’origine».

Si les arbres ont de la valeur parce qu’ils produisent du bois, des fruits ou d’autres produits de base, les agriculteurs peuvent les transplanter dans les parcelles agroforestières situées à proximité. Cette technique est connue sous le nom de conservation circa situm, signifiant «à proximité de leur lieu d’origine».

Ou encore, les arbres peuvent être conservés en tant que semences ou dans des banques de gènes, connu alors sous le nom de conservation ex situ, ou «en dehors de leur habitat d’origine».

Ces trois types de conservation sont intimement liés et les petits exploitants jouent un rôle dans chacun d’eux. Cependant les scientifiques savent en fait très peu de choses sur l’étendue et les limites de ces liens et sur leur efficacité, déclare Manuel Guariguata, un chercheur principal du CIFOR.

«Nous savons que les agroforêts peuvent être très diversifiées, mais nous ne connaissons pas vraiment la dynamique des liens existants entre les exploitations agricoles et les écosystèmes naturels», dit-il. «Par exemple, nous ne savons pas exactement ce qui se passe entre les espèces de bois d’œuvre et d’autres espèces sauvages quand les petits exploitants les domestiquent en les plantant en dehors de leur habitat naturel.»

Pour qu’une espèce survive, sa population doit être suffisamment importante pour maintenir une diversité génétique. Néanmoins, davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure les petites exploitations agroforestières contribuent à la conservation, indique l’article.

«Une des idées reçue est que si vous plantez des arbres dans des plantations ou des systèmes agroforestiers, cela contribuera à la conservation des peuplements naturels d’arbres», déclare Ian Dawson du Centre mondial d’agroforesterie, auteur principal de l’article.

On présume que les gens récoltent les arbres dans les plantations ou les parcelles agroforestières, laissant la forêt naturelle intacte, mais il existe peu de recherches pour appuyer cette hypothèse, dit-il. Et d’ajouter: «Les gens prennent peut-être cela pour acquis sans penser qu’il faudrait étudier ce lien.»

«Nous avons besoin d’une meilleure compréhension de la relation entre les pratiques agroforestières effectuées dans une zone et la conservation de zones forestières adjacentes», déclare M. Dawson.

Les agriculteurs qui combinent l’agriculture et la sylviculture peuvent contribuer à la conservation de plusieurs façons. Cependant, il est important d’examiner comment les différentes approches fonctionnent entre elles pour assurer les plus grands avantages avec le minimum de conséquences imprévues, dit M. Guariguata.

INTERVENTIONS NATURELLES

Les parcelles agroforestières peuvent servir de «pierre de gué» qui permet aux abeilles, aux oiseaux et aux animaux de disperser le pollen ou les graines lorsqu’ils se déplacent à travers des zones de forêts naturelles. Un processus qui peut permettre la reproduction des arbres dans les deux types de végétation.

Dans les lieux où certaines espèces des forêts naturelles ne peuvent pas s’adapter au rythme du changement climatique, la conservation sur des parcelles agroforestières peut alors offrir la seule chance de survie*, dit M. Dawson.

Les scientifiques ont besoin de plus d’informations sur la façon dont les différentes espèces se reproduisent et sur leur densité de population – le nombre d’arbres dans une région donnée qui est nécessaire à leur survie, ajoute-t-il.

Les forêts tropicales abritent une grande diversité d’espèces*. Lorsque les petits agriculteurs trouvent des arbres qui sont particulièrement intéressants comme bois d’œuvre, comme combustible, pour les fruits, la médecine ou d’autres utilisations, ils peuvent les transplanter ou semer leurs graines dans leurs propres parcelles agroforestières. En conséquence, les parcelles des agriculteurs ont également tendance à posséder une grande diversité d’espèces.

«À première vue, cela semble positif, mais son efficacité pour la conservation dépend des types d’espèces et du nombre d’individus par espèce», déclare M. Dawson.

Si les agriculteurs optent pour des espèces exotiques, ils risquent d’évincer les espèces indigènes, contrecarrant les objectifs de conservation, dit-il. Et s’il y a trop peu d’arbres d’une espèce donnée, ils peuvent être trop éloignés pour pouvoir être pollinisés et se reproduire.

Si seulement quelques arbres se pollinisent les uns les autres, le résultat peut en être la consanguinité, conduisant à des arbres plus faibles, moins susceptibles de survivre.

Quand une espèce est gravement menacée à l’état sauvage, les scientifiques peuvent opter pour la conservation ex situ, parfois loin de l’habitat d’origine, pour s’assurer qu’elle ne soit pas perdue pour toujours.

Cela peut conduire à stocker les graines dans une banque de semences, dans des conditions soigneusement contrôlées, ou planter des arbres sur un site réservé à une «banque de gènes».

Ketika satu spesies pohon sangat terancam di alam, ilmuwan bisa memilih untuk menyimpan benih jauh dari habitat asli untuk memastikan mereka tidak punah. World Agroforestry Centre.

Quand une espèce d’arbre est gravement menacée à l’état sauvage, les scientifiques peuvent opter pour une conservation loin de l’habitat d’origine, pour s’assurer qu’elle ne soit pas perdue pour toujours. Photo: World Agroforestry Centre.

Cependant, il y a des inconvénients à la conservation ex situ. Les graines d’arbres ne survivent pas à un stockage sur le long terme, comme contrairement aux semences de cultures vivrières, dit M. Dawson, et quand elles le font, il faut un temps beaucoup plus long de croissance pour qu’elles arrivent à maturité.

La conservation ex situ des arbres a donc tendance à être coûteuse et pourrait priver de fonds des stratégies de conservation plus rentables, dit-il. Le compromis pourrait être de planter des arbres menacés d’extinction dans les jardins botaniques, ce qui pourrait alors favoriser l’éducation et la sensibilisation, tout en conservant l’espèce, disent les auteurs de l’article.

Malgré ces découvertes, beaucoup de questions demeurent quant à la façon dont l’agroforesterie peut contribuer à la conservation.

Les scientifiques doivent apprendre davantage sur les plantations ou si les politiques, telles que la certification, aident vraiment à conserver les espèces à l’état sauvage – une recherche qui impliquera l’étude de l’écologie et de la génétique, dit M. Guariguata.

Puisque les petits agriculteurs ne cessent de domestiquer des espèces sauvages* qui leur sont utiles, les chercheurs peuvent apprendre beaucoup en étudiant comment les agriculteurs gèrent à la fois les arbres sauvages et domestiques, ainsi que la façon dont les populations sauvages et domestiques interagissent, dit-il.

Une question cruciale est de savoir comment un climat en réchauffement influencera les forêts tropicales, dit M. Dawson.

«Une des principales préoccupations est de savoir si le changement climatique aura une incidence sur les populations de pollinisateurs et ce que ça pourrait impliquer pour les espèces d’arbres», ajoute-t-il. «Ceci est particulièrement important dans les paysages agricoles, où la conservation dépend aussi de la valeur de l’espèce pour les agriculteurs.»

Pour plus d’informations sur les sujets abordés dans ce blog, veuillez contacter Manuel Guariguata sur m.guariguata@cgiar.org

Ce travail a été financé par le Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie.

* Liens non traduits en français

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