La certification des forêts améliore les standards sociaux dans le Bassin du Congo – étude

Une nouvelle recherche menée au Cameroun, au Gabon et en République du Congo montre que les Unités d'aménagement forestier (UAF) certifiées – des concessions forestières d'exploitation dirigées par des entités industrielles légalement reconnues – sont liées à une amélioration des conditions de travail et de vie, contrairement aux UAF non-certifiées.
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Certified timber in East Kalimantan, Indonesia. Michael Padmanaba/CIFOR photo

Kalimantan, Indonésie. Michael Padmanaba/CIFOR

BOGOR, Indonésie — Une nouvelle recherche menée au Cameroun, au Gabon et en République du Congo montre que les Unités d’aménagement forestier (UAF) certifiées – des concessions forestières d’exploitation dirigées par des entités industrielles légalement reconnues – ont un lien avec l’amélioration des conditions de travail et de vie, contrairement aux UAF non-certifiées.

«Notre étude montre qu’il existe un lien important entre la présence de la certification et l’amélioration des conditions de travail et de vie à l’intérieur et autour des UAF certifiées dans le Bassin du Congo», explique Paolo Cerutti, chercheur chevronné du Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR).

«Il y a eu plus de retombées sociales positives dans les UAF certifiées que dans les UAF non-certifiées parce que les entreprises doivent adhérer à un programme pour la mise en place de normes qui couvrent de multiples critères et qui est vérifié par une tierce partie lors d’évaluations régulières.»

Il y a également eu des améliorations «parce que les entreprises étaient obligées de maintenir une communication permanente avec la population locale, et parce qu’elles ont mieux géré les risques pour leur réputation», ajoute Guillaume Lescuyer, l’un des co-auteurs du rapport, chercheur au CIFOR et au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

UNE APPROCHE MESUREE

La certification des forêts, qui assure que le bois soit produit selon des normes volontaires spécifiques et vérifiées par une tierce partie, a été promue comme un moyen de combattre la déforestation et la dégradation des forêts depuis le début des années 1990.

En mai 2012, la zone de forêts certifiées représentait 394 millions d’hectares à travers le monde, avec 92% de forêts certifiées dans l’hémisphère nord et seulement 2% dans les tropiques, selon le document commun «Forest Products Annual Market Review 2011-2012», produit par la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies (CEE-ONU) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Le Forest Stewardship Council (FSC) et le Programme for the Endorsement of Forest Certification (PEFC) font partie des principaux systèmes de certification internationaux. Ils soutiennent de nombreux systèmes nationaux, comme le Malaysian Timber Certification System, l’American Tree Farm System (ATFS), le Canadian Standards Association et le Canada’s Sustainable Forestry Initiative (SFI). Plus tôt dans l’année, le China Forest Certification Scheme a également été approuvé par le PEFC. L’Indonésie a aussi son propre système, l’Indonesian Ecolabelling Institute (LEI-Lembaga Ekolabel Indonesia).

Dans les tropiques, le système de certification de gestion forestière responsable le plus connu est le FSC, qui contrôle les enterprises et les UAF pour s’assurer qu’elles adhèrent aux principes, critères et indicateurs pré-établis.

Malgré le soutien de groupes intellectuels, écologistes et sociaux, de gouvernements et du secteur privé, l’impact social des normes FSC, qui devrait mener à de meilleures relations entre les sociétés forestières et la population locale en contribuant au développement local, n’est pas suffisamment étudié, en particulier dans la région du Bassin du Congo, selon les chercheurs.

La recherche du CIFOR, en partie financée par le World Wide Fund for Nature, visait à évaluer l’impact social des UAF certifiées ou non FSC au Cameroun, au Gabon et en République du Congo, à comparer les conséquences sur les deux groupes et à déterminer si les différences entre ces conséquences peuvent être attribuées à l’adoption et l’application de la certification FSC.

Le Bassin du Congo a été choisi pour l’étude parce qu’en 2013, il avait environ 5,3 millions d’hectares de forêt tropicale naturelle certifiée – la plus grande zone de forêt tropicale certifiée au monde, selon le FSC, représentant environ 1,35% de toutes les forêts certifiées.

Les chercheurs ont entrepris une revue des mécanismes adoptés par les sociétés forestières dans 18 UAF certifiées et non certifiées afin d’évaluer les conditions de vie et de travail des employés des sociétés forestières et de leur famille.

Ils ont aussi mesuré l’efficacité et la légitimité des institutions qui régulent les relations entre les sociétés forestières et les communautés voisines, ainsi que les droits et les usages coutumiers de la forêt exercés par les populations locales.

RESULTATS MESURES

La recherche montre qu’il existe des différences significatives entre les UAF certifiées et non-certifiées. Les UAF certifiées sont généralement associées à des conditions de travail et de vie améliorées autour des scieries, avec un accès à l’eau, aux équipements médicaux, au logement, à l’électricité et à la gestion des ordures.

«Nous avons constaté qu’un dialogue ouvert entre la population locale et l’entreprise mène à une meilleure satisfaction des employés et que les mécanismes de partage de bénéfices mis en place par les compagnies améliore la redistribution des fonds vers les communautés locales», explique Cerutti.

Lescuyer ajoute: «Nous avons également observé que la présence d’une UAF, certifiée ou non, n’était pas liée à un changement significatif de l’agriculture locale, la chasse ou la récolte de produits non-ligneux à des fins commerciales, bien que ces pratiques soient interdites par les régulations forestières.»

Les changements positifs qui ont été mesurés ne signifient pas encore qu’il y a des impacts positifs sur le long terme pour les moyens de subsistance de toutes les personnes vivant dans et autour des UAF certifiées, cautionne Cerutti.

«Cependant, des variables sociales mesurées ont semblé indiquer qu’il existe une frontière claire entre le bois certifié et non-certifié, et que le progrès vers une gestion durable de la forêt a davantage été conduit par la certification que par les lois actuelles.», dit-il.

Les chercheurs constatent que pour progresser, il faut parfois corriger l’absence ou la faiblesse de l’application de la loi. Parfois pour progresser, les entreprises dotées d’UAF certifiées doivent assumer le rôle de «l’état absent» pour éviter des situations conflictuelles qui pourraient mettre en péril leur statut de certifié ou leur réputation.

Par conséquent, l’impact social positif apporté par la certification présente le risque de perpétuer le rôle historique des sociétés forestières qui opèrent comme un «état dans l’état», une pratique qui devrait être abandonnée, selon Cerutti.

Pour plus d’information sur les questions discutées dans cet article, veuillez contacter Paolo Cerutti sur p.cerutti@cgiar.org.

Ce travail s’inscrit dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie avec le soutien de World Wide Fund for Nature.

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