Chronique du DG

Gardiens des forêts : quoi de neuf là-haut ?

Le Global Forest Watch publie de nouvelles données sur les forêts mondiales.
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Pemantauan tutupan pohon dan kehilangan tutupan pohon dari 2001-2012 telah menghasilkan data baru yang berharga. Kredit foto: Vahur Puik

La surveillance du couvert forestier et de ses pertes entre 2001 et 2002 a permis d’obtenir de nouvelles données précieuses. Photo : Vahur Puik

La publication de nouvelles données sur les forêts mondiales est toujours une bonne occasion de mettre à jour les analyses des tendances mondiales, régionales et nationales. C’est exactement ce que vient de faire Global Forest Watch (GFW). Comme promis, nous disposons désormais de la première mise à jour annuelle des données sur le couvert arboricole mondial, basée sur des données satellites de 30×30 mètres. Les données originales de cette série, publiées par Hansen et al. et couvrant la période 2001-2012, ont été largement utilisées au cours des 18 derniers mois. Elles ont donné lieu à un débat intense sur la validité des tendances évoquées et sur la signification des changements observés dans le temps par les données de télédétection.

Sur son blog, GFW indique une augmentation continue de la perte du couvert forestier, principalement en raison des pertes accrues dans la région boréale, tandis que d’autres régions affichent moins de pertes. L’Indonésie se distingue par une forte baisse des pertes entre 2012 et 2013, ce qui a donné lieu à des commentaires relatifs aux politiques dans cet article du WRI.

GFW est clair : les données montrent le couvert forestier et ses pertes (alias “detreecoverization”). Cette amélioration de la terminologie est la bienvenue parce que les expressions « perte de forêt » et de « changement de la forêt » utilisées par Hansen et al. de pour le même type de résultats portaient à confusion. Beaucoup d’arbres (ou de palmiers ou de bambous) se trouvent en dehors des forêts. En outre, les peuplements forestiers peuvent parfois vivre temporairement peu d’arbres ou alors des arbres très petits.

GFW est également clair sur le fait qu’aucun résultat sur le « gain du couvert forestier » n’est fourni, puisque ces tendances sont trop lentes et progressives pour être retenues par la mise à jour des données. Cela signifie que nous pouvons seulement considérer les pertes. Cet ensemble de données ne nous permet pas de relativiser ces pertes par les gains liés à la plantation ou la régénération naturelle des arbres et des forêts.

REGARDER LES DONNÉES DE PLUS PRÈS

Il faut féliciter GFW pour son accès ouvert aux nouvelles données, y compris des statistiques relatives aux pays. Je n’ai pas pu résister à la tentation d’examiner ces chiffres. Notez que ci-dessous, j’utilise les données pour un seuil de 30 % de couvert forestier.

J’ai d’abord regardé les données de mon propre pays, la Suède, et je les ai comparées aux statistiques forestières officielles de l’Inventaire forestier national.

Les statistiques officielles indiquent un abattage total de 183 000 ha en 2013, ce qui est très proche des 182 618 ha de pertes du couvert forestier rapportés par GFW pour la même année. Cependant, GFW n’a pas retenu l’abattage des arbres dans des pour l’éclaircissage sur plus de 394 000 ha en 2013. Cela semble indiquer une limite des données de télédétection puisque la plupart de ces opérations d’éclaircissage enlèvent 10-30 % du couvert forestier et constituent une partie importante des « pertes d’arbres » en Suède. En outre, puisque les gains en couvert forestier ne sont pas inclus, les résultats du GFW sont biaisés.

Selon les statistiques de l’Inventaire national suédois des forêts, la croissance de tous les arbres en 2013 était de 109 Mm3, alors que leur suppression représentait 86 Mm3, donc un gain net de 23 Mm3 en stock arboricole sur cette année. En d’autres termes, environ 1 % du couvert forestier suédois a été enlevé en 2013 et les 99 % restants ont plus que compensé les pertes par la croissance des arbres. Pourtant, la Suède est classée 13ème dans le classement mondial du GFW concernant la perte de couvert forestier par pays.

Toutefois, l’exemple ci-dessus est relatif à un pays ayant des conditions boréales / tempérées, une gestion et un suivi forestiers bien établis, et une pression très limitée sur les forêts par d’autres utilisations des terres.

Alors, que peut-on apprendre des nouvelles données sur les forêts tropicales ?

Il est normalement difficile de tirer des conclusions sur les tendances à partir d’une mise à jour sur un an dans une série de données de longue date. Cependant, comme les données du GFW disposent d’une couverture complète et ont été standardisées au fil du temps, il est utile de considérer les chiffres de 2013 pour les comparer aux résultats antérieurs.

J’ai examiné les pays des régions tropicales (note : il ne s’agit pas d’une distinction claire puisque les pays peuvent avoir un mélange de forêts tropicales, subtropicales et même tempérées). Lorsque l’on divise ces pays en trois grandes régions, les totaux suivants émergent :

Amérique  Latine Afrique Asie-Pacifique Total tropiques
Perte du couvert forestier en 2013 (Mha) 3.3 2.4 2.0 7.8*
Perte du couvert forestier en 2013 comparé à la perte moyenne de 2001-2012 (%) 71 161 91 92
Part de la perte du couvert forestier tropical en 2013, (%) 43 31 26 100
Part de la perte du couvert forestier tropical en 2001-2012 (%) 55 19 26 100

* Le chiffre du GFW de la perte du couvert forestier tropical en 2013 est de 8,1 Mha ici, probablement due à une délimitation infranationale plus précise de la zone tropicale. Cette différence ne devrait pas affecter de manière significative les conclusions faites ici.

Le tableau ci-dessus confirme que les pertes totales de 7,8 Mha du couvert forestier tropical en 2013 sont légèrement inférieures (92 %) à la moyenne de 2001 à 2012. Il confirme également que l’Amérique latine continue d’être la région ayant le plus haut taux de perte de couvert forestier tropical.

LES TENDANCES : PERTES ET GAINS

Deux tendances fortes sont également évidentes. Les pertes sont en baisse en Amérique latine et en forte hausse en Afrique. L’utilisation d’une moyenne sur trois ans donne un résultat similaire.

La tendance en Afrique tropicale est préoccupante et nécessite une analyse plus approfondie.

Le tableau ci-dessus indique également que la déforestation tropicale concernait au plus 7,8 Mha en 2013. Nous ne connaissons pas la part de ce chiffre qui est constituée de pertes d’arbres non forestiers ou de pertes forestières temporaires ; aucune des deux étant classée comme déforestation. D’autre part, on peut supposer que peu d’événements de déforestation manquent dans ce jeu de données complet du couvert forestier qui indique un maximum de déforestation sur 7,8 Mha en 2013.

En plus d’être plus bas que les données, directement comparables, de 2001 à 2012 du GFW, ce niveau est également nettement inférieur à celui indiqué dans l’Evaluation des ressources forestières 2010 (13 Mha / an de 2000 à 2010 principalement dans les tropiques), l’Enquête mondiale par télédétection du FRA 2012 (11 Mha / an de 2000 à 2005 dans les tropiques) et le FRA 2000 antérieur (14,2 Mha / an de 1990 à 2000 dans les tropiques). Davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer si cela est dû à des différences de données ou si cela représente une tendance réelle.

Notez qu’aucun des chiffres ci-dessus ne comprend les gains du couvert forestier liés à la plantation, la restauration ou l’expansion naturelle. Le changement de la superficie forestière nette est rapporté par le FRA et se situe à – 5,6 Mha / an de 2000 à 2005 (FRA 2010).

GFW prend clairement la surveillance mondiale des forêts à un nouveau niveau. Le gain le plus important qu’apporte l’ensemble de données du GFW est la cohérence dans le temps et dans l’espace, ainsi que la couverture complète. Le plus grand inconvénient reste le manque de précisions des données de télédétection, qui ne permet pas de faire des classifications forestières fiables ou des estimations cohérentes des changements graduels ou partiels du couvert forestier.

Continuez votre excellent travail !

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