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Écoutez, on parle changement climatique sur la radio du Bassin du Congo

L'émission est diffusée en lingala, kituba, français et anglais pidgin.
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Très populaire en Afrique, la radio représente une source importante d’informations. Photo : photopin.com

Dans une région où l’analphabétisme est encore relativement courant, où les langues et dialectes sont très localisés et les habitations très isolées, faire circuler l’information peut s’avérer difficile.

Pourtant, il est urgent de transmettre des informations qui peuvent sauver des vies dans le Bassin du Congo sur les effets et la prévention du changement climatique.

C’est là qu’une simple radio entre en jeu.

Dans les pays en développement, 75 % des ménages ont une radio, et cette région d’Afrique ne fait pas exception. 

Nous avons conservé un message simple pour que les populations locales puissent le comprendre

Anne Marie Tiani

« La radio est très écoutée », explique Alba Saray Perez-Teran, chercheur au Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR). « Elle n’est pas seulement écoutée de façon traditionnelle. De plus en plus de gens ont des téléphones portables, et même les plus basiques ont des radios FM intégrées. »

Le changement climatique n’est pas toujours perçu comme un danger immédiat, mais la diffusion d’informations sur les difficultés qu’il représente est essentielle pour prévenir les désastres futurs. C’est pourquoi le projet du CIFOR, intitulé « Changement climatique et forêts du Bassin du Congo » (COBAM), a créé en 2013 une émission de radio sur le changement climatique.

ÉCOUTER, PUIS CHANGER SES HABITUDES

« Au Rythme des Saisons » a été conçu pour créer une plateforme de partage des connaissances par laquelle les auditeurs peuvent entendre parler de manière attrayante et pratique du changement climatique, tout en restant dans leurs communautés forestières.

« Les émissions abordent tout ce qui touche au changement climatique et aux forêts », explique Anne Marie Tiani, coordinateur du projet COBAM basé à Yaoundé et co-auteur d’une nouvelle étude évaluant la portée et l’impact des émissions de radio.

« Certaines discussions portent sur la base scientifique du changement climatique et ses conséquences, ainsi que sur les manières de gérer les forêts face à un changement climatique qui est désormais devenu réel. » 

Les langues locales sont très importantes. Si elles peuvent être utilisées pour renforcer les capacités et sensibiliser sur le sujet du changement climatique, alors tant mieux

Alba Saray Perez-Teran

Les communautés locales ont été invitées à participer à l’émission et à partager leurs expériences de lutte contre les perturbations climatiques.

Le rôle des communautés est essentiel pour faire face au changement climatique. Les recherches du CIFOR indiquent que de nombreuses approches d’adaptation et d’atténuation sont entreprises au sein des communautés qui gèrent leurs forêts.

Avec l’éloignement et à l’isolement, les décisions communautaires peuvent devenir de facto des lois. Une émission de radio, que le village entier peut écouter en recevant les mêmes informations au même moment, peut alors devenir une source essentielle de connaissances.

« Les langues locales sont très importantes », déclare Alba Saray Perez-Teran, chercheuse au CIFOR. « Si elles peuvent être utilisées plus fréquemment pour renforcer les capacités et sensibiliser sur le sujet du changement climatique, alors tant mieux. »

L’émission a été diffusée dans les quatre langues les plus parlées en Afrique centrale : les langues bantoues lingala et kituba, le français et l’anglais pidgin. 

Elle a pu être écoutée au Cameroun, en République centrafricaine, en République du Congo et en République démocratique du Congo sur des petites stations de radio communautaires ainsi que des grandes stations nationales.

RADIOS COMMUNAUTAIRES ET NATIONALES

« La radio communautaire cible les très petites communautés », explique Mme Tiani. « Cependant, elle n’atteint généralement pas les décideurs politiques. Voilà pourquoi les stations radios nationales sont importantes pour ce processus. »

Selon Mme Tiani, une partie de la valeur de l’émission est liée au fait que les producteurs comprennent leur public.

« Nous avons conservé un message simple pour que les populations locales puissent le comprendre. Ceci est très important », explique-t-elle. « Pour autant, l’émission fait intervenir des scientifiques issus d’institutions de recherche et d’universités locales, ainsi que des décideurs politiques et des représentants d’ONG. Bien qu’exprimée de manière simple, l’information reste donc toujours exacte. »

Lors de l’évaluation de la portée et de l’impact de l’émission “Au Rythme des Saisons”, les chercheurs ont mis en place deux groupes : l’un avait écouté l’émission et l’autre pas.

Il est vraiment formidable de constater que les émissions de radio ont un effet

Alba Saray Perez-Teran

Selon tous les indicateurs, l’émission de radio a été un succès. Les personnes qui ont écouté Au Rythme des Saisons avaient davantage de connaissances sur les sujets que ceux qui ne l’avaient pas écoutée.

Tout en reconnaissant qu’« il faudrait des statistiques plus élaborées », on a observé que ceux qui avaient écouté une seule fois à l’émission de radio ont « amélioré leurs connaissances » de 22,3 % sur les thèmes du changement climatique liés aux forêts, par rapport à ceux qui n’avaient pas écouté la radio. Ce résultat est très positif et démontre la valeur des émissions de radio.

« Même après avoir écouté une seule émission de seulement 45 minutes, les personnes ont de meilleures connaissances sur le changement climatique et ses liens avec la forêt », affirme Mme Perez-Teran.

« Il peut s’avérer difficile d’évaluer l’impact réel sur l’ensemble de la région, mais l’indicateur est déjà positif. »

« Il est vraiment formidable de constater que les émissions de radio ont un effet. »

Pour plus d’informations sur l’émission de radio du CIFOR dans le bassin du Congo, veuillez contacter Anne Marie Tiani à l’adresse A.Tiani@cgiar.org.

L’émission de radio du CIFOR dans le bassin du Congo s’inscrivait dans le cadre du Programme de recherche du CGIAR sur les forêts, les arbres et l’agroforesterie.

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