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Cameroun : adaptation au changement climatique et réseaux sociaux

Les réseaux sociaux informels ont un grand potentiel en matière d'adaptation.
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Un système de réseaux sociaux sur le terrain pourrait être mis à profit pour diffuser les connaissances sur le changement climatique, un peu comme le fait le monde viral d’Internet.

Bien qu’il soit possible d’aider les réseaux informels du Cameroun à se propager, une étude récente du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) indique qu’il reste encore beaucoup à faire pour exploiter les réseaux sociaux des villages du pays dans le but de favoriser l’adaptation au changement climatique et son atténuation.

Au Cameroun, 80% des pauvres vivent en zones rurales. Leurs moyens de subsistance dépendent de la terre et des forêts. Presque tous les villageois ont accès à des terres pour cultiver leur propre nourriture ou une combinaison de cultures vivrières et de cultures de rente telles que le café, le cacao et le palmier à huile. 

On ne peut pas compter sur les connaissances et efforts individuels pour lutter contre le changement climatique puisque leurs capacités sont limitées

Denis Sonwa

Les sécheresses, les pluies imprévisibles et le changement des saisons ont placé ces communautés face à la dure réalité du changement climatique ; aujourd’hui l’adaptation n’est plus un choix, mais une nécessité.

PENSER NATIONAL, AGIR LOCAL

De nouvelles recherches ont examiné la capacité des institutions à influencer et à partager les connaissances sur le changement climatique dans les zones isolées du Cameroun.

« On ne peut pas compter sur les connaissances et efforts individuels pour lutter contre le changement climatique puisque leurs capacités sont limitées », déclare Denis Sonwa, scientifique chevronné du CIFOR basé à Yaoundé.

« Pour voir ce qui est fait et pourrait être fait, nous avons consulté le gouvernement et des ONG, ainsi que des organisations informelles telles que des coopératives et groupement d’épargne d’agriculteurs. »

Depuis longtemps, les institutions ont été identifiées comme étant essentielles pour la capacité des personnes à s’adapter au changement climatique ; non seulement parce qu’elles peuvent agir comme un filet de sécurité, mais aussi pour leur capacité à encourager l’apprentissage, l’innovation et la résolution de problèmes au sein de la société.

Bien que ces réseaux offrent un grand potentiel pour l’adaptation des communautés, l’étude conclut qu’ils sont largement ignorés.

« Nous avons recensé un grand nombre d’institutions, mais pratiquement aucune action sur l’adaptation », affirme M. Sonwa.

Les ministères du gouvernement se sont avérés avoir le moins d’impact sur l’adaptation au niveau des villages.

Le ministère des Forêts et de la Faune sauvage (MINFOF), qui maintient l’ordre par rapport à l’exploitation forestière illégale et au braconnage et soutient les forêts communautaires, ainsi que le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MINADER), qui fournit des informations et un appui technique aux agriculteurs, manquent tous les deux de personnel et de ressources.

Les employés en zone rurale ont déclaré aux chercheurs qu’ils n’avaient pas reçu d’instruction, de formation ou d’informations sur le changement climatique et qu’ils ne savaient pas comment discuter du sujet avec les agriculteurs. 

Lorsque les organismes gouvernementaux ont peu de contact avec ces zones rurales et n'ont pas suffisamment de connaissances pour parler du changement climatique, les communautés se trouvent dans une situation préoccupante

Denis Sonwa

« Lorsque les organismes gouvernementaux ont peu de contact avec ces zones rurales et n’ont pas suffisamment de connaissances pour parler du changement climatique, les communautés se trouvent dans une situation préoccupante », avertit M. Sonwa.

Les forêts communautaires, longtemps exploitées pour leurs ressources en bois, ont attiré l’attention des ONG nationales et internationales. Environ 30 % des personnes ont reçu des informations concernant le changement climatique de ces sources, mais ceci surtout dans une forêt communautaire en particulier.

Toutefois, les institutions locales les plus populaires, donc celles ayant le plus de potentiel pour diffuser des informations, sont les institutions informelles. Presque toutes les personnes (95,6 %) appartiennent à au moins un organisme local.

Ceux-ci comprennent les groupements rotatifs d’épargne et de crédit (tontines ou njangi) et les coopératives agricoles concernant la récolte et la vente sur les marchés de produits forestiers non ligneux ou de cultures vivrières.

« Le réseautage social est très répandu, la plupart des personnes appartiennent à au moins un groupe. Beaucoup disent être membres de quatre ou cinq groupes à la fois », explique Carolyn Peach Brown, coauteur de l’étude et directeur des études environnementales à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard.

« Les femmes en particulier les utilisent comme un moyen important de mise en réseau. »

Bien que les groupes n’aient pas été spécifiquement créés pour aborder l’adaptation au changement climatique, ils contribuent à la résilience globale des communautés. L’étude les identifie comme support potentiel pour l’innovation, le partage des connaissances et le changement des comportements.

« L’adhésion à des groupes, comme ceux où les membres partagent la responsabilité envers le travail et envers les finances, représente vraiment la confiance, la solidarité et le partage », explique Mme Brown. « Ce capital social pourrait réellement soutenir l’apprentissage et le changement au niveau de la société. »

Néanmoins, Mme Brown avertit qu’il existe des limites à ce que ces groupes informels peuvent réaliser sans soutien extérieur.

RESOLUTION COLLECTIVE DES PROBLEMES

Afin de renforcer la capacité d’adaptation, il est nécessaire de partager dès à présent les informations et les connaissances entre les départements gouvernementaux, les ONG et les institutions locales.

Selon Dennis Sonwa, il est temps que le village global s’active. 

Ces réseaux riches représentent de nombreuses possibilités d’échanges entre les différents groupes. Grâce à eux, les personnes peuvent échanger leurs connaissances

Carolyn Brown

« Pour aider ces communautés, nous devons examiner comment leurs groupes informels peuvent être liés à des institutions aux niveaux national et international », dit-il.

Lorsque les personnes appartiennent à des réseaux multiples, comme c’est le cas dans les zones rurales du Cameroun, elles peuvent  apprendre de nombreuses façons innovantes de faire les choses. Voici un élément clé de l’apprentissage en vue de s’adapter.

Les stratégies d’adaptation pourraient-elles se répandre ?

« Ces réseaux riches représentent de nombreuses possibilités d’échanges entre les différents groupes. Grâce à eux, les personnes peuvent échanger leurs connaissances », déclare Carolyn Brown.

« Néanmoins, si ces réseaux ne profitent pas d’un apport externe de connaissances et d’idées, ils n’apprennent rien sur d’autres façons de s’adapter. »

Pour plus d’informations sur l’adaptation au changement climatique des communautés forestières au Cameroun veuillez contacter Denis Sonwa à l’adresse d.sonwa@cgiar.org

Ces recherches ont été menées dans le cadre du projet Forêts du bassin du Congo et adaptation au changement climatique du Centre de recherche forestière internationale. Ce projet est financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et le Département britannique pour le développement international (DFID). Un soutien a également été fourni par les Subventions de développement Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

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