Analyse

Y-a-il une vie après l’exploitation forestière?

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La même histoire se répète partout dans le monde: De grosses sociétés d’exploitation forestière arrivent dans une zone, prélèvent tout le bois de valeur et s’en vont. Le « boom » économique est suivi par une chute brutale. Les emplois disparaissent alors aussi vite qu’ils sont apparus – fin de l’histoire.

Mais est-ce bien la fin ?

Pas d’après Miguel Pinedo-Vasquez et co-auteurs. Leur papier « Post Boom Logging in Amazonia » (Après le boom forestier en Amazonie) montre comment les petits forestiers ont remplacé les grosses compagnies dans les plaines d’inondation d’Amapa au Brésil et le font « comme il faut ».

Leur histoire, est la suivante :

En 1970, la zone étudiée par les auteurs avait sept grosses scieries et quatre usines de contre-plaqué. Leurs propriétaires épuisèrent rapidement les six espèces de haute valeur commerciale qui les intéressaient et, au début des années 80, toutes les usines étaient fermées. La plupart de la main-d’oeuvre qualifiée émigra alors vers d’autres zones.

Néanmoins, une douzaine d’anciens employés de ces larges scieries décidèrent de former leurs propres petites scieries familiales. Puisque les principales essences de valeur avaient disparues, ces scieries durent utiliser une gamme nettement plus large. Des marchés locaux émergèrent aussi pour les perches et le bois de feu. Le résultat est qu’aujourd’hui il existe des marchés pour 36 différentes essences.

Pendant ce temps, les petits paysans trouvaient de plus en plus difficile de vivre des produits de leur agriculture à cause d’une maladie affectant les bananiers et de la compétition avec d’autres régions. Certains répondirent aux nouvelles opportunités offertes par les marchés en gérant leurs jachères, forêts et jardins pour produire des perches, du bois de feu et du bois d’oeuvre. De nos jours, quand les paysans ouvrent de nouvelles zones pour cultiver, ils récoltent d’abord le bois. Ensuite, après avoir cultivé pendant quelques années, ils mettent les champs en jachère et utilisent ces jachères pour produire du bois. L’ouverture de la canopée permet, à la fois, de réaliser les cultures et de promouvoir la régénération des essences de bois d’oeuvre qui ne tolèrent pas l’ombrage. Un désherbage soigneux des jeunes semis permet la survie d’une grande proportion de ceux-ci. Les paysans plantent aussi certains essences de valeur dans leurs jardins ou bien favorisent leur régénération naturelle. Ils utilisent aussi des techniques d’annélation pour augmenter la vitesse de croissance des arbres en forêt.

Cette approche nouvelle de la foresterie a prouvé qu’elle pouvait être à la fois durable et profitable. Les paysans consacrent maintenant une grosse part de leur temps et énergie pour soigner leurs forêts. Les essences commerciales qui avaient disparu ont commencé à ré-apparaître dans les jardins. Les paysans obtiennent un revenu rapide de la vente des perches, du bois de feu et du bois des essences à croissance rapide et utilisent les essences à longue rotation comme une sorte d’épargne. Les revenus dérivés de cette manière dépassent largement le salaire minimum. Le fait que leurs activités se complémentent permet une utilisation plus efficace de la capacité de travail et une réduction des risques par la production et la vente d’un large éventail de produits.

Il existe bien quelques exemples de grosses exploitations forestières durables en Amazonie mais comme l’ont montré Pinedo-Vasquez et ses collègues, il existe d’autres façons de faire.

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Pour obtenir une copie électronique gratuite du papier de Pinedo-Vasquez ou envoyer vos commentaires, questions aux auteurs, vous pouvez écrire à Miguel Pinedo-Vasquez ( mailto:map57@columbia.edu )