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Créer des collectivités en faveur des pauvres aide à préserver les forêts sèches d’Afrique

Sécurité alimentaire et préservation des forêts grâce à l'action collective.
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Shea dari Burkina Faso, dikumpulkan oleh wanita dari ladang, digunakan dalam produk kosmetik, memasak dan sebagai pengganti coklat. CIFOR/Ollivier Girard

Le karité du Burkina Faso, cueilli dans les champs par des femmes, est utilisé dans des produits cosmétiques, la cuisine et en tant que substitut au chocolat. CIFOR/Ollivier Girard.

BOGOR, Indonésie – L’action collective formelle peut améliorer les moyens de subsistance des petits exploitants ruraux et encourager la production durable de produits forestiers non ligneux dans les pays arides d’Afrique de l’Ouest, mais chaque coopérative exige une structure unique pour réussir, selon des recherches*.

Les scientifiques du Centre de Recherche Forestière Internationale (CIFOR) ont étudié les bénéfices et les défis liés à l’utilisation des organisations collaboratives de producteurs en comme mécanisme de production et de commercialisation du karité du Burkina Faso, de l’encens (gum olibanum) d’Ethiopie et du miel de Zambie.

L’objectif global du projet de recherche du CIFOR, financé par l’Agence Suédoise de Coopération Internationale pour le Développement* (SIDA), était de renforcer les incitations économiques, institutionnelles et politiques en faveur de la gestion durable des forêts. Cela fait partie des efforts mondiaux pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, huit objectifs de lutte contre la pauvreté qui arrivent à échéance en 2015.

On pourrait mieux atteindre la sécurité alimentaire par une action collective et en améliorant l'accès aux possibilités de financement

Mathurin Zida

« Nous avons essayé de mieux comprendre la comment l’action collective peut permettre d’obtenir des résultats en faveur des populations pauvres, en termes d’amélioration des revenus, de garantie d’une gestion durable des ressources et de l’accès aux ressources », a déclaré Mathurin Zida, scientifique régional au CIFOR et coordinateur en Afrique de l’Ouest. « Nous avons appris qu’il n’existe pas de stratégie ‘unique’ pour les organisations de producteurs ruraux pour réussir des actions collectives. »

Les personnes impliquées dans la collecte et la commercialisation des produits arboricoles dans les forêts tropicales sèches n’ont pas toutes atteint le même niveau de succès et de prospérité, a déclaré M. Zida, qui participe à la semaine des sciences agricoles en Afrique* à Accra, au Ghana.

« Nous voulions étudier les expériences des différents groupes afin de tirer des leçons applicables à tous les enjeux agricoles pour les décideurs politiques, les praticiens et les défenseurs des communautés rurales », dit-il.

Le thème de la réunion à Accra est « L’Afrique nourrit l’Afrique grâce à la science agricole et l’innovation ».

« On pourrait mieux atteindre la sécurité alimentaire par une action collective, qui rendrait l’accès aux connaissances générées par la recherche agricole plus facile pour les petits exploitants, et en améliorant l’accès aux possibilités de financement, qui sont parfois les principales barrières aux innovations agricoles », explique M. Zida.

ÉTUDE DE CAS

Les scientifiques ont étudié des exemples d’organisations de producteurs afin de mieux comprendre les motivations pour la collaborer dans des forêts tropicales sèches caractérisées par une longue saison sèche.

Les industries de petits exploitants de karité, d’encens et de miel ont été choisies pour l’étude en raison de leur impact à grande échelle.

Les trois produits sont vendus sur les marchés locaux, régionaux et internationaux. Ils sont identifiés par les organisations gouvernementales et non gouvernementales comme des contributions aux moyens d’existence locaux, ainsi qu’aux économies nationales, et sont associés à des organisations de producteurs, dit M. Zida, co-auteur de « Les bénéfices, défis et conditions favorables de l’action collective pour promouvoir la production et la commercialisation durables de produits issus des forêts sèches de l’Afrique*».

Nous avons essayé de mieux comprendre la comment l'action collective peut permettre d'obtenir des résultats en faveur des populations pauvres

Mathurin Zida

Le karité, cueilli dans les champs par des femmes, est utilisé dans des produits cosmétiques, la cuisine et comme substitut au chocolat. L’encens est collecté des arbres par des hommes et utilisé comme encens, dans la nourriture, des parfums, des boissons et de la peinture.

Le miel zambien, collecté principalement par des hommes, est un aliment sucré transformé par les abeilles dans des ruches en forêt à partir du nectar de fleurs. On l’utilise comme miel à tartiner, dans la médecine et la bière. La cire produite par les abeilles, la propolis et la gelée royale sont utilisées dans les industries médicales, dentaires et cosmétiques.

ATOUTS ET FAIBLESSES

Dans les trois pays, les petits producteurs ont déclaré que leur revenu s’est amélioré quand ils agissaient dans le cadre d’un collectif, plutôt qu’individuellement, selon le rapport.

La recherche a démontré qu’en fonctionnant en collectif, les producteurs ont acquis un meilleur accès aux ressources forestières, à l’appui extérieur, aux marchés internationaux, aux marchés de niche, à l’information, à la formation et aux crédits des fournisseurs de services.

Par exemple, les organisations de producteurs en Zambie ont bénéficié d’un service de messagerie texte par téléphone mobile permettant d’accéder à des acheteurs potentiels et aux prix, ce qui a permis une négociation avisée.

En Éthiopie, les organisations de producteurs ont négocié avec les autorités afin d’obtenir des droits sur les forêts où l’accès était auparavant limité à des entreprises privées ou publiques.

Au Burkina Faso et en Ethiopie, l’action collective contribue à la gestion durable des forêts grâce à une formation sur les techniques de récolte durable.

Parmi les points négatifs, les organisations de producteurs peuvent faire face à un manque de leadership responsable et de transparence dans la prise de décision, à une insuffisance des infrastructures, à un manque d’information sur les potentiels de production et de marchés, à une concurrence pour les terres et à une difficulté de garder le régime et le droit foncier ou le droit de gestion des terres, selon la recherche.

Les organisations de producteurs n’ont bien souvent pas les capacités de surmonter les obstacles liés à l’accès au marché, d’après le rapport. Ceci est en partie dû au manque de transparence dans les objectifs et la définition des règles, aux inégalités dans le partage des bénéfices et aux problèmes de gestion.

Les coopératives de gomme en Ethiopie ont par exemple des difficultés à assurer un partage égal des bénéfices, car les négociations de prix sont menées uniquement au niveau du comité exécutif, ce qui limite la transparence sur marges de profit.

Dans l’ensemble, les scientifiques ont déterminé six facteurs clés pour la structuration des organisations de producteurs, afin qu’elles soutiennent l’action collective pour promouvoir la gestion responsable des forêts et les pratiques de commercialisation des produits.

Les organisations de producteurs devraient non seulement inclure un meilleur accès aux ressources et aux marchés, mais elles devraient également considérer les contextes locaux politiques et socio- économiques, conseillent les scientifiques. La responsabilisation et la transparence dans la prise de décision et le leadership sont également essentielles.

Les scientifiques ont constaté que, bien que l’action collective soit importante, elle n’est pas indispensable pour améliorer la production, la transformation et la commercialisation des produits issus des forêts sèches de l’Afrique de l’Ouest. 

Pour plus d’informations sur les enjeux abordés dans cet article, veuillez contacter Mathurin Zida sur m.zida@cgiar.org.

Cette recherche a été réalisée dans le cadre du projet « Atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement dans les forêts sèches d’Afrique – de l’action locale à une réforme politique nationale » généralement connu sous le nom de « Dry Forest Project phase two (DFP II) », qui a été soutenu par SIDA.

* Liens non traduits en français

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